Virginie Fauvel, CEO Harvest, répond aux questions de Mathilde Hodouin pour le Courrier Financier.
Ce mardi 5 septembre, le groupe Harvest annonce le closing du rachat de son principal concurrent, l’éditeur de logiciels Manymore. Quels enjeux derrière cette nouvelle opération de croissance externe ? Virginie Fauvel, PDG d’Harvest, répond en exclusivité aux questions du Courrier Financier.
Quantalys, Feefty et désormais Manymore. Le 11 juillet dernier, le groupe Harvest, spécialisé dans les logiciels dédiés aux métiers du patrimoine et de la finance annonçait son intention de racheter son principal concurrent. C’est chose faite ce mardi 5 septembre, avec l’annonce du closing de l’opération. Sur le marché des outils de gestion de patrimoine, Harvest double de taille en l’espace de cinq ans. Objectif, partir à la conquête de l’écosystème européen de la gestion de patrimoine.
Comment répondre aux nouveaux enjeux de ce marché, en termes d’obligations réglementaires et de sécurité de la data ? Virginie Fauvel, PDG d’Harvest, répond aux questions du Courrier Financier.
Le groupe Harvest annonce le closing du rachat de Manymore, ce mardi 5 septembre 2023.
C.F. : Après Fidroit, Quantalys et Feefty, le groupe Harvest rachète Manymore. Qu’est-ce que cette opération va changer au sein du groupe Harvest ? Comment vos équipes vont-elles évoluer ?
Virginie Fauvel : Notre groupe est constitué d’une organisation prête pour réaliser des acquisitions. Les équipes Manymore, en fonction de leur mission, vont naturellement être accueillies au sein des équipes Harvest.
Nous recrutons entre 50 et 80 talents chaque année, ce renfort dès aujourd’hui, est une excellente nouvelle pour Harvest. Nous avons rencontré des collaborateurs de grand talent, séduits par le projet de constitution d’un champion européen. Avec cette acquisition, notre groupe est constitué de 500 personnes en France et en Italie.
C.F. : Qu’est-ce qui va changer pour les CGP déjà clients de Manymore ? Que vont devenir les fonctionnalités de l’outil Prisme dans les deux ans à venir ?
V.F. : Les CGP clients de Manymore vont bénéficier de la robustesse d’Harvest et de sa gamme de logiciels complète, interconnectés les uns avec les autres. Prisme a vocation à progressivement rejoindre O2S qui sera le logiciel phare.
En 2023, il est devenu nécessaire de disposer d’une taille critique pour investir massivement dans la sécurité des données, dans la conformité, dans les évolutions règlementaires permanentes mais aussi en plus de tout cela, continuer à innover. La vitalité d’Harvest permettra de toujours mieux servir les CGP.
C.F. : Chez Harvest, le développement de vos outils répond à plusieurs enjeux : sécurité des données, renforcement des normes réglementaires. Comment accompagnez-vous l’évolution de l’écosystème de la gestion de patrimoine ?
V.F. : Nous avons environ 300 personnes dédiées à la technologie et 200 personnes dédiées au métier de la gestion de patrimoine. Toutes sont internes et donc de grands experts de nos métiers. Vous le savez, nos métiers sont des métiers exigeants en sécurité, en conformité, en évolution règlementaire.
Nous accompagnons l’écosystème de la gestion de patrimoine en étant toujours à jour des évolutions, en bâtissant des logiciels de qualité, en conseillant les professionnels avec notre équipe étude de cas mais aussi en les formant avec notre Harvest Fidroit Academy, qui va être encore renforcée avec l’arrivée de Nextforma.
C.F. : Dans l’univers de la Tech patrimoniale, l’intelligence artificielle (IA) ouvre de nouvelles perspectives. Quelle place lui donnez-vous ? Comment accompagnez-vous vos clients dans l’adoption de cette nouvelle technologie ?
V.F. : L’IA va bouleverser tous les métiers. Nous avons lancé une réflexion sur les impacts dans notre groupe et certains salariés ont démarré un travail de fond sur le sujet. Nous l’avons déjà utilisée opérationnellement, sous supervision d’un cerveau humain avant l’été.
Nous sommes très intéressés par les enjeux et impacts de l’IA sur une société comme Harvest. Encore une fois, il est essentiel de disposer d’une taille suffisante pour prendre en compte et intégrer ces technologies. Etre trop petit signifie ne pas pouvoir prendre en compte ces changements.
C.F. : Dans les cinq ans à venir, comment le groupe Harvest va-t-il poursuivre sa croissance en Europe ?
V.F. : Notre prochain enjeu, au-delà de l’IA que nous allons intégrer dans nos outils, sera la conquête de l’Europe. Une partie de nos clients nous le demande. Nous travaillons déjà avec de grands assureurs européens dans trois pays (Italie, Luxembourg et France), et nous souhaitons étendre notre offre à d’autres pays.
Le marché européen du logiciel est encore fragmenté. Nous pensons qu’il va se consolider, et nous souhaitons être l’acteur qui va consolider ce marché et devenir le leader européen. C’est enthousiasmant pour les prochaines années : je me lève chaque matin avec cette perspective.
Source : Le Courrier Financier