L’OCDE a récemment publié l’édition 2021 de son étude « Impôts sur les salaires ». Les résultats révèlent une baisse sans précédent de la taxation des revenus de travail dans la plupart des pays de l’OCDE. La France fait toutefois figure de mauvaise élève, les salaires français demeurant parmi les plus imposés.
Une baisse record de la pression fiscale dans la majorité des pays
‘étude « Impôts sur les salaires 2021 » de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) compare les coûts de main d’œuvre dans les pays membres et mesure l’impact de la crise sanitaire due au Covid-19 sur la fiscalité des salaires. Pour ce faire, elle se fonde sur le coin fiscal, un indicateur permettant de mesurer le niveau de taxation des revenus du travail.
Note : le coin fiscal est égal à la somme de l’impôt sur le revenu des personnes physiques, des cotisations obligatoires salariales et patronales de Sécurité sociale, et des taxes sur salaires, diminuée des prestations familiales. Le résultat est exprimé en pourcentage de coût de main d’œuvre. Plus le coin fiscal est élevé, plus la pression fiscale et sociale est importante.
Concrètement, un coin fiscal de 40 % signifie que le salarié moyen percevra, après impôts, 60 % du coût total supporté par l’employeur (coûts salariaux). Ainsi, un pays qui présente un coin fiscal élevé risque de dissuader les employeurs d’embaucher et les chômeurs de rechercher un emploi.
La baisse du coin fiscal concerne 29 pays sur les 37 pays membres de l’OCDE. Les chiffres révèlent en revanche de grandes disparités entre les pays. En 2020, la Colombie présente un coin fiscal de 0 % alors que la Belgique affiche un coin fiscal de 51,5 %.
Pour un salarié célibataire moyen, le coin fiscal est de 34,6 % en 2020 dans les pays de l’OCDE, soit -0,39 points par rapport à 2019.
Ce recul s’explique par une baisse généralisée des impôts sur le revenu (baisse du taux marginal d’imposition lorsqu’il existe) dans l’OCDE et, pour une minorité de pays, par une baisse des salaires.
Le coin fiscal est encore plus bas pour les couples mariés avec un seul revenu moyen et 2 enfants. Il s’élève à 24,4 % (-1,1 point par rapport à 2019). En effet, la plupart des pays de l’OCDE accordent des avantages aux ménages ayant des enfants à charge, notamment par le biais d’un régime fiscal avantageux et/ou des prestations en espèces.
De plus, en réponse au Covid-19, les Etats ont mis en place des mesures de soutien des ménages et entreprises non soumises à la fiscalité du travail (versement accru ou ponctuel de prestations en espèces aux familles avec enfants à charge, aides d’urgences, crédits d’impôt…). En France, le recours élevé aux dispositifs de maintien dans l’emploi, tels que le dispositif d’activité partielle, a participé à la baisse du salaire moyen français.
L’impact de ces mesures exceptionnelles est toutefois à relativiser. Elles ne représentent qu’un dixième du déclin du coin fiscal pour le travailleur célibataire moyen dans l’OCDE.
Note : La charge fiscale pesant sur les salaires avait fortement baissé lors de la crise économique mondiale de 2008. Suite à ce krach, l’imposition des revenus du travail a connu un rebond jusqu’en 2014, pour finalement diminuer jusqu’à atteindre une nouvelle baisse record en 2020 dans les pays de l’OCDE. Globalement, une tendance à la baisse se dessine depuis 20 ans.
La France, mauvaise élève
La France présente l’un des niveaux d’imposition des salaires les plus élevés de l’OCDE.
Elle est le 4ème pays taxant le plus les salaires, derrière la Belgique, l’Allemagne et l’Autriche.
En 2020, le coin fiscal français est de 46,6 % pour le salarié célibataire moyen. Ce résultat est toutefois en recul de 0,56 points par rapport à 2019.Ainsi, un célibataire disposant d’un salaire moyen conserve un peu plus de la moitié de ce qu’il coûte à son employeur.
Pour les couples mariés avec 2 enfants et disposant d’un seul salaire moyen, le coin fiscal français tombe à 37,9 % mais demeure toutefois encore supérieur à la moyenne OCDE.
La baisse observée de la pression fiscale sur les salaires en France, si elle avoisine la moyenne OCDE, reste en deçà de nombreux pays (y compris par rapport à ses voisins, voir ci dessous) et ne permet pas de rattraper son retard.
Comparaison de la France avec ses pays voisins
Note : Les employeurs en France paient 26,6 % des coûts de main d’œuvre sous forme de cotisations de Sécurité sociale, soit le niveau le plus élevé des pays de l’OCDE.
Source : Etude OCDE, Les impôts sur les salaires 2021, avr. 2021