Face à la digitalisation des moyens de paiement, accélérée par la crise sanitaire, la Banque centrale européenne (BCE) souhaite instaurer l’euro numérique qui « combinerait l’efficacité d’un instrument de paiement numérique et la sécurité d’une monnaie de banque centrale ».
Fin 2020, elle publiait à cet effet un rapport sur un « Euro digital » traduisant la volonté de l’Eurosystème (composé de la BCE et des banques centrales nationales des pays membres de l’UE) d’adapter la monnaie de la banque centrale à l’ère numérique et de maintenir une économie compétitive.
Le rapport a été suivi d’une consultation publique. Personnes publiques et privées étaient sondées sur leurs attentes vis-à-vis des caractéristiques possibles de l’euro numérique et sur ses potentiels avantages, défis et risques.
Le 14 juillet dernier, la BCE a annoncé le lancement du projet d’euro numérique. Les enjeux de ce projet ont été clairement définis : il s’agit de proposer aux ménages et aux entreprises une monnaie numérique fiable leur permettant de réaliser leurs transactions quotidiennes, de favoriser l’inclusion financière, de stimuler l’innovation dans le secteur des paiements de détail et de contrecarrer l’essor des moyens de paiement privés situés hors de l’UE mettant en danger la stabilité financière et la souveraineté monétaire. L’euro numérique présenterait, par ailleurs, une empreinte environnementale inférieure à celle des cryptos actifs.
Fonctionnement de l’euro numérique selon la BCE
Concrètement, l’euro numérique serait l’équivalent des billets en euros mais sous forme dématérialisée. Cette monnaie n’aurait toutefois pas vocation à se substituer aux espèces, assure la BCE.
Les consommateurs et professionnels européens disposeraient d’un compte ouvert au sein de la banque centrale européenne. Les euros numériques, gérés et émis par la BCE, pourraient être utilisés pour des achats à distance ou dans les points de vente, via une application par exemple, ou hors ligne à l’aide d’une carte de paiement. D’autres opérations telles que le virement seraient également possibles.
Pour éviter de concurrencer les comptes de dépôts classiques ouverts au sein des banques privées, la BCE envisage d’instaurer un plafond (probablement 3 000 €) au-delà duquel les dépôts en euros numériques seront taxés. Le rôle des banques, constituant un axe majeur de cette étude, reste à définir. Elles pourraient se voir confier la gestion de ces comptes et seront en tout état de cause impliquées dans la distribution de l’euro numérique.
Phase d’expérimentation sur 2 ans pour l’euro numérique
Dès octobre 2021, une expérimentation conduite sur 2 ans permettra de détecter les problématiques liées à la conception et à la distribution de l’euro numérique. La BCE devra notamment veiller à l’équilibre entre la protection de la vie privée des utilisateurs et la prévention des activités illicites. L’objectif est de parvenir à créer une monnaie facile à utiliser, sécurisée et efficace.
L’Eurosystème souhaite en priorité répondre aux besoins des utilisateurs. A ce titre, il s’engage à consulter régulièrement les particuliers, les commerçants et le secteur des paiements. Les travaux seront également menés en étroite collaboration avec les autorités législatives européennes (Parlement, Commission, Conseil) pour doter l’euro numérique d’un cadre juridique adapté.
La décision d’émettre ou non l’euro numérique ne sera prise qu’à l’issue de cette phase d’étude. L’utilisation de cette monnaie pourrait être effective d’ici 2026. Les banques et entreprises seront en 1ère ligne pour tester les différentes solutions de paiement. Jusqu’ici, aucun obstacle technique n’a été décelé pour les options d’ores et déjà testées (système de paiement instantané TIPS et Blockchain, capables de traiter plus de 40 000 transactions par seconde).
Pour consulter l’ensemble de nos articles, rendez-vous sur www.patritheque.fr
Vous souhaitez bénéficier d’une démonstration de nos produits ? Suivez ce lien